Des ressources théoriques pour appuyer votre démarche d'intervention
Les éléments théoriques ci-dessous faciliteront votre utilisation des outils pédagogiques présentés dans le site. Toutefois, vous êtes invités à approfondir votre compréhension de l'intervention de crise en consultant l'ouvrage suivant : SÉGUIN, Monique, Line LEBLANC et Alain BRUNET, Intervenir en situation de crise et en contexte traumatique, 2e édition, Montréal, Gaëtan Morin, 2012, 230 pages.
La bibliographie fournie dans la section A propos, sans être exhaustive, se révèle également très pertinente.
Durée : 1 ou 2 minutes. L'intervenant se présente et amorce la conversation. Il précise le cadre de l'entretien, les objectifs et le mode de la rencontre. Cette phase permet généralement de briser la glace, d'établir le lien initial, de diminuer les peurs et d'observer la personne. Lors d'une situation de crise, il arrive souvent que cette phase soit reportée, particulièrement lorsque l'intensité de la crise est telle que la personne a du mal à contrôler ses émotions. Il est alors plus pertinent d'ouvrir l'entretien et de laisser la personne exprimer sa détresse immédiatement.
Durée : 5 à 7 minutes. Pour l'intervenant, il s'agit d'une phase d'accueil et d'écoute. Il favorise les verbalisations du client si ce dernier ne s'exprime pas spontanément, notamment en privilégiant davantage les questions ouvertes que les questions fermées. L'objectif de cette étape étant d'ouvrir le dialogue, il est recommandé de ne pas structurer l'intervention trop rapidement. L'intervenant retient les informations fournies par le client, qui passe parfois rapidement d'une sphère à une autre, tout en demeurant attentif aux émotions et aux gestes que la personne manifeste. Une attitude et des comportements empathiques sont essentiels chez l'intervenant pour la réussite de cette phase de l'entretien.
C'est la phase la plus longue. Le clinicien aborde chacune des sphères avec le client afin de mieux cerner les difficultés et de déterminer les facteurs de protection. Il favorise encore ici l'expression du client, ce qui facilite le développement de l'alliance et la création de l'engagement dans le traitement. En situation de crise, l'intervenant recueille des informations en vue de pouvoir évaluer les facteurs de risque ainsi que l'urgence et le danger (RUD) associés au passage à l'acte, et ceci le plus rapidement possible. Il faut particulièrement veiller à ne pas transformer l'entretien en interrogatoire par l'utilisation trop importante de questions fermées. Au cours de cette étape, le clinicien confirme ou infirme ses hypothèses cliniques et peut graduellement élaborer son plan d'intervention.
À ce stade de l'entretien, l'intervention aura contribué à faire « désescalader » l'intensité de la crise. Client et clinicien se sentent maintenant plus à l'aise l'un avec l'autre, alors que s'établit un lien de confiance entre les deux. C'est la phase au cours de laquelle l'intervenant introduit des solutions valables pour retarder ou éliminer le plan de passer à l'acte. Le suivi proposé doit se centrer sur des objectifs réalistes propres à une intervention en situation de crise, qui requièrent de la personne des actions réalisables à court terme.
Durant cette phase, l'intervenant privilégie la sécurité du client. S'il ne prévoit pas revoir la personne, il s'assure que le client puisse reprendre contact avec le centre ou l'organisme au besoin. Si une seconde rencontre est prévue, l'intervenant prend le temps d'en discuter avec le client et lui transmet les informations de la façon la plus claire possible. Il convient aussi ici d'adopter une attitude chaleureuse et calme, comme il se doit entre deux personnes qui viennent d'accomplir quelque chose d'important.
La question ouverte facilite l'expression, elle sert à dialoguer, à échanger, à comprendre. À privilégier le « comment » plutôt que le « pourquoi ». Elle facilite la prise de parole et laisse le choix au client quant à son niveau d'investissement dans la relation.
Un commandement doux est une forme d'intervention directive qui vise à proposer avec gentillesse, mais fermeté, une direction à l'échange ou une action spécifique.
Une question qui vise à explorer une sphère d'investigation.
Une intervention empathique consiste à expliciter une attitude, des émotions, des sentiments nondits (du moins ce qui peut en être perçu à travers l'intonation, les hésitations, les silences...) : « Vous craignez que... », « Vous ressentez que... ». Ce type d'intervention peut lever des blocages et favoriser l'auto-exploration.
Il s'agit d'une courte phrase ou d'un mot-phrase (ex : hum!) qui vise à encourager la poursuite du discours.
La question fermée sert à valider, à cadrer et à vérifier une information spécifique. Elle suscite habituellement une brève réponse.
Question qui vise à préciser des informations fournies par le client.
Les sphères de l'entretien sont les grands thèmes de vie qui émergent au cours de l'entretien, dont les suivants :
Lorsque le clinicien évalue les éléments qui jalonnent chacune des sphères de la vie du client, il doit prendre garde de ne pas emprunter un mode interrogatoire trop rigide sous prétexte d'obtenir plus d'informations; une telle façon de mener son entretien, bien au contraire, s'avère irritante pour le client et risque de nuire à la communication libre et spontanée.
Par ailleurs, le clinicien doit également veiller à ne pas changer de sphère à chacune de ses interventions, mais plutôt essayer, dans la mesure du possible, de bien explorer les éléments d'une même sphère avant d'effectuer une transition vers une autre. Cela lui évite de se disperser, d'investiguer de façon superficielle et d'avoir l'impression, au bout de quelques minutes, de tourner en rond. De plus, une exploration structurée et plus approfondie de chacune des sphères aide le client à mettre de l'ordre dans ses pensées et à se comprendre un peu mieux.
Lors du recueil de données, le clinicien s'intéresse à l'évaluation (1) du risque suicidaire (particulièrement les facteurs proximaux), (2) de l'urgence du passage à l'acte (imminence de la conduite suicidaire), (3) du danger entraîné par le passage à l'acte décrit dans le scénario suicidaire (létalité du moyen).
Cette étape s'avère indispensable pour planifier l'intervention. Les facteurs se trouvent à divers niveaux du fonctionnement de la personne.
Pour déterminer les priorités de l'intervention, il convient de procéder assez rapidement à l'évaluation de l'urgence, c'est-à-dire de la probabilité et de l'imminence d'un passage à l'acte. L'intervenant veut savoir si le client a déjà déterminé le moment du passage à l'acte et s'il envisage de mettre son plan à exécution très bientôt. L'identification de ces éléments permet de situer la personne dans le processus suicidaire et de définir les priorités de l'intervention. Du reste, l'évaluation de l'urgence se fait en processus continu dans un contexte suicidaire, donc tout au long de l'entretien ainsi que dans le suivi post-crise.
L'intervenant doit prendre en considération le niveau d'élaboration du scénario suicidaire ainsi que la létalité du moyen prévu lors de l'évaluation du danger du passage à l'acte. Les questions relatives au scénario suicidaire (comment? quand? où?) doivent être posées de façon directe. Elles donnent un meilleur accès à la souffrance du client et s'avèrent souvent libératrices et réconfortantes pour une personne qui songe à se suicider. Aborder le sujet de façon franche aide la personne suicidaire à être considérée par rapport à ce qu'elle vit dans le moment présent et à son désir de mourir. La personne interprète les questions directes de l'intervenant comme une compréhension de sa souffrance.